L’alimentation, l’arme secrète pour contrer certains symptômes du SOPK ?

Par Sarah ARASCO • Publié en avril 2023

Maladie hormonale la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer, affectant environ 10% des femmes de par le monde, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) peut se manifester dès l’adolescence et présente une variété de symptômes tels des cycles menstruels irréguliers, une pilosité excessive, une prise de poids, etc.

Et si une alimentation adaptée pouvait aider à compenser certaines conséquences de ce syndrome ?

Une maladie qui s’attaque aux femmes

Le SOPK est donc une maladie endocrinienne qui induit un dérèglement des hormones situées au niveau du cerveau et/ou des ovaires. Ce syndrome impacte durablement les femmes et leur aspect en provoquant tout ou partie de nombreux symptômes1 dont voici les plus répandus :

  • Perturbation du cycle menstruel,
  • Acné,
  • Tâches foncées sur la peau,
  • Chute de cheveux (alopécie),
  • Hyperpilosité voire hirsutisme (poils sur le visage, la poitrine, le dos ou les fesses),
  • Troubles de la fertilité,
  • Prise de poids,
  • Diabète,
  • Humeur dépressive,
  • Anxiété,
  • Apnées du sommeil,
  • Fatigue…

Des changements corporels et comportementaux aux conséquences psychologiques importantes tant pour les femmes touchées que pour leurs proches.

Des troubles hormonaux aux origines obscures

En date de rédaction de cet article, l’origine de ce déséquilibre hormonal n’est pas clairement identifiée ; cependant le SOPK pourrait être multifactoriel :

  • Génétique (10 % des cas relatifs à la présence de gènes de prédisposition),
  • Épigénétique (les antécédents familiaux représentent un surrisque de 30 % de développer la maladie),
  • Environnemental (forte suspicion vis-à-vis de perturbateurs endocriniens mais sans preuve formelle).

Comment est diagnostiqué le SOPK ?

En France, le diagnostic arrive souvent tardivement2 lorsque des examens sont prescrits dans une démarche de grossesse liée à la difficulté de concevoir un enfant.

Néanmoins les signes d’un SOPK pourraient être décelés plus tôt avec une meilleure information auprès des médecins et de la population féminine. Ainsi la patiente pourrait obtenir un diagnostic et une prise en charge plus rapide.

Toutefois, si vous vous sentez concernée, la première étape est d’en discuter avec votre médecin et/ou gynécologue, afin d’établir la liste de vos symptômes, antécédents médicaux et gynécologiques. À l’issue de cet entretien, si votre médecin soupçonne la présence de ce syndrome, il effectuera une échographie pelvienne, ainsi qu’un bilan hormonal3. Dès réception des résultats des examens, votre médecin pourra se baser sur les trois critères4 de Rotterdam5 pour poser son diagnostic. En effet, il faudra que ces examens mettent en évidence au moins deux de ces critères :

  • Une hyperandrogénie clinique (tels que l’hirsutisme, acné, alopécie androgénique) ou biologique.
  • Une oligo-anovulation (ovulation irrégulière ou absente mais aussi des cycles inférieurs à 21 jours ou supérieurs à 35 jours).
  • La présence d’au moins un ovaire avec plus de 20 follicules de 2 à 9 mm et diamètre et/ou volume ovarien supérieur à 10 mL sans présence de kyste ou de follicule dominant à l’échographie endovaginale.

Quels traitements contre le SOPK ?

Les traitements médicaux (pilules œstroprogestatives, antidiabétiques…) visent à atténuer certains symptômes mais aucun traitement curatif n’est disponible à l’heure actuelle.

L’hyperandrogénie, induite notamment par l’augmentation de la testostérone, favorise le développement d’un surpoids abdominal et la résistance à l’insuline6.

Cette insulinorésistance peut, à long terme, être source d’apparition d’un diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires.

Cette errance médicale pousse certaines femmes à rechercher d’autres options qui peuvent les éloigner d’une prise en charge médicale basée sur les preuves.

En effet, des médecines dites « alternatives » proposent leurs lots de promesses de guérison farfelues et parfois dangereuses (retards de diagnostic, discours déconnecté des preuves scientifiques, perte de confiance médicale, coût sans résultat probant, etc.).

L’alimentation à la rescousse ?

L’objectif d’une alimentation adaptée au syndrome ovarien polykystique est d’améliorer la santé globale des femmes atteintes en offrant des outils nutritionnels et une liste d’aliments aux impacts néfastes et positifs. Ce régime alimentaire approprié sera axé sur le traitement d’autres symptômes tels la prise de poids, le diabète, les apnées du sommeil, la fatigue…

Les aliments à éviter

  • Les aliments riches en acides gras saturés qui augmentent le taux de cholestérol et ainsi que le risque de maladies cardiovasculaires : viandes grasses, charcuteries, produits laitiers riches en matières grasses (beurre et crème fraîche), les aliments frits et la restauration rapide (fast-food).
  • Les aliments riches en sucre (index glycémique élevé) qui favorisent les symptômes : viennoiseries, pâtisseries, confiseries, chocolat, sodas, jus de fruits (même fait maison !), céréales soufflées (céréales du petit déjeuner, galettes de riz soufflé...), les céréales raffinées (pain blanc, pâtes blanches, riz blanc, farines blanches…), desserts (crème ou glace).
  • Les produits ultra-transformés : plats préparés ou surgelés contenant des additifs et du sucre ajouté. La lecture des étiquettes est intéressante et facile avec le Nutri-Score.
  • Les produits contenant des édulcorants qui ont un effet délétère sur le système digestif donc sur  le fonctionnement de l’insuline7.

Les aliments conseillés

  • Les aliments bruts, non transformés, idéalement d’origine locale et/ou bio (possiblement moins de perturbateurs endocriniens).
  • Les aliments riches en fibres afin de réguler l’indice glycémique ainsi que le taux de cholestérol. Il est recommandé d’en consommer 30g par jour8 : fruits, légumes et céréales complètes ou semi-complètes (index glycémique bas tel que le riz, sarrasin, avoine, épeautre, seigle, blé, orge…) et pseudo-céréales (quinoa, amarante) dont la cuisson est conseillée al dente.
  • Les aliments riches en protéines qui sont satiétogènes et à index glycémique faible également. Les protéines végétales sont intéressantes car elles contiennent également des fibres : les légumineuses (lentilles, pois chiches, pois cassés, fèves, haricots secs…), les tubercules (patate douce principalement), les graines (chanvre ou courges). Mais certaines protéines d’origine animale telles que les viandes maigres (blanches), le poisson et les crustacés ont une valeur nutritionnelle intéressante.

Et au-delà de l’alimentation ?

Une bonne hygiène de vie

Pratiquer une activité physique régulière à adapter selon son niveau de forme physique afin d’entretenir le système cardio-vasculaire et limiter le surpoids (marche, course à pied, vélo, natation, renforcement musculaire et entraînement fractionné de haute intensité).

Veiller à avoir une bonne qualité de sommeil, c’est-à-dire dormir suffisamment et à heure régulière.

Apprendre à gérer son stress et ses émotions pour une action positive sur l’insuline, l’équilibre hormonal et la glycémie9 grâce à des exercices de relaxation (yoga, stretching, respiration contrôlée…).

Limiter la consommation d’alcool ainsi que la consommation de tabac qui augmentent les risques de maladies cardio-vasculaires mais aussi ils sont source de stress10.

Veiller à avoir un taux en vitamine D convenable grâce une exposition au soleil et une alimentation riche en vitamine D. En effet, des recherches récentes évoquent un lien entre l’insuline et la vitamine D11.

Limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens qui ont une influence sur le système hormonal12.

Un accompagnement pour améliorer votre vie

Si vous souffrez de SOPK, il est important de consulter un professionnel de santé qualifié pour vous aider à développer un plan de traitement personnalisé. En tant que nutritionniste, je peux néanmoins vous accompagner pour une alimentation adaptée à vos besoins et à votre mode de vie, afin de vous aider à gérer efficacement les symptômes associés à cette condition.

N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec moi pour discuter de la façon dont nous pouvons travailler ensemble pour améliorer votre santé et votre bien-être.

Sources et compléments d'information :

  1. SOPK Europe : Les symptômes et conséquences d'un SOPK
  2. SOPK Europe : Quelles sont les étapes du diagnostic ?
  3. La plupart du temps, ce bilan hormonal comporte les analyses des éléments suivants : testostérone, delta 4 androstènedione, LH, FSH, œstradiol, 17 hydroxyprogestérone, glycémie et βHCG.
  4. Hôpitaux universitaires de Genève (Service d’endocrinologie, diabétologie, hypertension et nutrition) : Syndrome des ovaires polykystiques :
    quoi de neuf ?
  5. En 2003, un groupe de spécialistes s’est regroupé à l’hôtel Rotterdam à New-York afin d’établir des critères qui font consensus dans le diagnostic du SOPK. Ces critères ont depuis été affinés, en 2013,  par la Société américaine d’endocrinologie puis validés, en 2014, par la Société européenne d’endocrinologie.
  6. Wikipédia : Résistance à l'insuline
  7. Le Figaro : Les édulcorants, un mirage face aux dangers de l’excès de sucre
  8. Anses : Actualisation des repères du PNNS - Élaboration des références nutritionnelles
  9. Infos Diabète : Plus de résistance à l’insuline, moins de résistance au stress
  10. INRS : Addictions - Effets sur la santé et la sécurité
  11. PubMed : Effets d'une supplémentation en vitamine D pendant 6 mois sur la sensibilité et la sécrétion d'insuline : essai randomisé contrôlé par placebo
  12. Inserm : Perturbateurs endocriniens - Un enjeu d’envergure de la recherche