Le Nutri-Score : étiquette efficace ou argument marketing ?

Par Sarah ARASCO • Publié en mars 2023 • Modifié en avril 2023

C'est quoi donc le Nutri-Score ?

Depuis quelques années, il est possible d’observer un logo coloré associé à des lettres sur l’avant de certains produits alimentaires : le Nutri-Score. Essayons de comprendre en quoi consiste cet étiquetage, déterminer s'il est réellement utile et s’il nous permet de faire le bon choix lors de nos achats.

Le Nutri-Score consiste donc en un logo apposé en face avant des emballages et nous informe de la qualité nutritionnelle des produits. Afin de condenser en une échelle simple à comprendre toutes les informations nutritionnelles, il a été choisi de le proposer sous la forme d'une échelle de couleurs (du vert foncé à l'orange foncé) associé à des lettres allant de A à E.

Déclinaison du logo du Nutri-Score

Échelle de notation du Nutri-Score

Il s'agit, comme son nom l'indique, d'un score nutritionnel basé sur les nutriments et aliments à favoriser (fibres, protéines, fruits, légumes, légumineuses, fruits à coques, huile de colza, de noix et d’olive) et les nutriments à limiter (acides gras saturés, sucres, sel, etc.).

L'apposition de ce logo est actuellement une démarche volontaire des fabricants. Rien ne les contraint à l'afficher mais s'ils le font ça doit être sur l’ensemble des produits de la marque qu’ils mettent sur le marché.

Un étiquetage sujet à évolution

La création du Nutri-Score

Mis en place en 2017 en France à la suite d’une demande du Ministère des Solidarités et de la Santé, le Nutri-Score n'a - dès lors - pas cessé de convaincre d'autres gouvernements. En effet, plusieurs pays ont décidé de recommander son utilisation : la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas et le Luxembourg.

Trois ans après son adoption, en juillet 2020, plus de 400 entreprises étaient engagées dans la démarche Nutri-Score en France1.

En septembre 2020, près de 94% des Français ont déclaré être favorables à sa présence sur les emballages, et plus d’un Français sur deux déclare avoir changé au moins une habitude d’achat grâce au Nutri-Score1.

Le Nutri-Score évolue en 2023

Comme prévu depuis sa mise en place, le barème du Nutri-Score est réévalué tous les trois ans par le comité scientifique en charge des mises à jour. Ainsi des améliorations vont être appliquées pour correspondre aux recommandations de santé publique2.

Malgré les efforts de certains fabricants, les produits sucrés seront notés de manière plus sévère. Par exemple, les céréales pour petit déjeuner ne pourront plus espérer atteindre un Nutri-Score A  mais seront certainement classées C.

De manière générale, les produits laitiers, les préparations trop salées, les plats préparés prêts-à-consommer seront impactés négativement en étant déclassés.

À l’inverse, certains aliments contenant de bonnes graisses ou pauvres en sel devraient être mieux catégorisés. Une réévaluation de certaines huiles (colza, olive et noix) permettra à ces dernières de bénéficier d'une notation plus avantageuse car contenant moins de mauvais gras. Le père du Nutri-Score, le Docteur Serge Hercberg, espère ainsi « faire comprendre au consommateur qu'il existe des huiles à favoriser car moins riches en graisses saturées ».

La notation changera aussi pour le pain et les pâtes et mettra vraiment en évidence les différences entre produits raffinés et produits complets. Ces derniers présentant des intérêts pour leur forte teneur en fibres seront notés A.

Et les prochaines étapes du Nutri-Score ?

Comme nous l'avons vu, la mention du Nutri-Score se fait actuellement sur la base du volontariat des fabricants. La Commission européenne devrait statuer prochainement pour intégrer un « logo unique et obligatoire, coloriel, synthétique et graduel » pour tous les pays européens.

Le Docteur Serge Hercberg rapporte que des dizaines d'associations européennes de consommateurs et une communauté de plus de 400 scientifiques européens ont écrit une lettre pour demander son adoption à la Commission Européenne, sans compter le soutien de nombreuses sociétés savantes, de comités d'experts, du centre international de recherche sur le cancer de l'OMS ou encore de l'académie des pédiatres européens.

Pour l'avenir, des propositions ont été faites pour réévaluer l'impact des boissons édulcorées et des produits ultra-transformés. Et nous pourrions aussi voir arriver plusieurs logos complémentaires sur les emballages de nos produits mentionnant l'impact environnemental de ceux-ci.

Que faire s'il n'y a pas de Nutri-Score sur un emballage ?

À défaut d’étiquetage, les consommateurs peuvent appliquer quelques principes simples. Olivier Andrault (chargé de mission agriculture et alimentation à l’UFC Que-Choisir) conseille ceci : « D’abord, privilégier les aliments bruts et le fait-maison. Et si on achète un produit transformé, on choisit celui dont la liste d’ingrédients est la plus courte et qui comporte le moins d’additifs »3.

L’application QuelProduit4, financée par le fond de dotation de l'UFC Que-Choisir, informe sur le Nutri-Score, la présence d’additifs et propose des alternatives plus intéressantes sur le plan nutritionnel et exempt d’additifs potentiellement dangereux.

Télécharger l'application QuelProduit

Disponible sur Google Play Disponible sur l'App Store

Le Nutri-Score n'est pas la panacée mais un bon élément de comparaison

Dans une alimentation équilibrée aucun produit n’est interdit pas même ceux notés D et E. Il faut seulement les consommer en quantité raisonnable.

L'étiquette du Nutri-Score n'est pas la solution à tous les problèmes de sélections et d'achats de produits alimentaires. Néanmoins, il permet de comparer en un coup d’œil différents produits d'une même gamme. Un gain de temps parfois intéressant dans un quotidien chronométré et envahi d'arguments marketing tous plus inventifs les uns que les autres.

Aujourd'hui, nous constatons que l'évolution de ce score de nutrition emprunte une voie noble. Reste à convaincre encore 50% des consommateurs à y être plus attentifs pour faire évoluer leurs comportements d'achats.